

Julie-Marie Parmentier

Un conte de Noël
Le petit Dieu
Il était une fois
Dans un pays bien loin d’ici
Un modeste foyer très uni.
Tous deux étaient emplis de joie
Car la jeune femme attendait un enfant.
Par une douce et chaude soirée de printemps,
Elle ressentit, terriblement,
Les premières douleurs de l’accouchement.
Perdus au coeur de la forêt,
Personne ne pouvait les aider.
Courageuse, la jeune femme se plaignait à peine.
Mais trop fragile et affaiblie,
Peu à peu, elle s’éteignit.
Le mari prit ses mains dans les siennes,
Et, agenouillé à ses côtés,
Désespéré, il implora les divinités.
Soudain jaillit une lumière,
Colorant de rose les joues de la jeune femme,
Insufflant assez de force à son âme
Pour qu’elle devienne mère.
Elle eut le temps de serrer
Contre son sein épuisé
Son petit enfant nouveau-né,
Lui murmurant des mots d’amour,
Tandis que, dans la forêt,
Doucement se levait le jour.
Mais, dans le ciel avait été décidé
Que seul l’enfant survivrait.
La jeune femme s’éteignit
Et le père resta anéanti.
D’un regard vide, il contempla son enfant.
Celui-ci était si différent
Qu’il en fut épouvanté. Bien trop malheureux
Pour réaliser que son fils était un Dieu.
Dès lors, il le laissa seul des journées entières,
Buvant et pleurant des larmes amères.
Par bonheur, la pauvre mère,
Dans son extrême sacrifice et ses heures dernières,
Avait insufflé à cet être remarquable
Ses ultimes forces vitales et sa bonté inépuisable.
C’est ainsi que le petit Dieu comprit,
Dans son sang et sa chair meurtrie,
Qu’à lui-même il ne devrait sa survie.
Inquiet et angoissé, très vite, il grandit.
Lorsqu’il fut en âge,
Ses premiers mots, de prononcer,
Et bien qu’il fût très sage,
Son père le chassa dans la forêt.
D’autres que lui auraient été malheureux,
Mais débrouillard était le petit Dieu.
Partout, il gambadait,
Partout, il humait.
D’odeur en exhalaison,
Il découvrit une maison.
Les effluves en guise de paysage
Le menèrent à un village.
Le petit Dieu n’était pas très difficile,
Il mangeait ce qu’on lui donnait.
Parfois même, il finissait
Des restes infâmes et vils.
Plus il grandissait,
Plus son coeur se bonifiait.
Il ne pensait qu’à faire le bien,
Consoler et apaiser son prochain.
De tous les environs on venait le consulter
Pour recevoir secours et félicité.
Le petit Dieu lavait les pieds
De tous ceux venus le visiter.
Bientôt célèbres furent ses jugements,
Sa compassion et son dévouement.
Et puis, un beau jour, le petit Dieu
De faire des miracles, fut en mesure.
Ô combien son âme était bonne et pure,
Combien tous, à ses côtés, étaient heureux !
Cependant, des villageois mécontents,
De ses pourtant sages jugements,
En vinrent à encourager dans leur coeur
Une noire et honteuse rancoeur.
Cruels et stupides,
Ils se laissèrent contaminer
Par un égoïsme perfide
Et décidèrent de se venger.
Le petit Dieu fut maltraité
Jusqu’à son dernier souffle, expirer.
Même si rien ne meurt véritablement
Et que tout est éternel recommencement.
Il regagna le ciel, jappant joyeusement.
De sa vie, la mort était le couronnement.
À faire le bien, il avait tant oeuvré
Que son âme était en paix.
La vie n’est qu’un chemin enténébré.
Par les cailloux blessés, par le soleil brûlés, par la pluie détrempés,
Nous ne faisons que subir notre destinée.
Mais le soleil peut réchauffer, la pluie rafraîchir et les cailloux nous abriter.
Sur cette route ardue, pénible et rude
Peuvent jaillir allégresse et béatitude.
Chaque petite flamme
Allumée en notre âme
Jamais ne s’éteindra,
Et bien après notre passage brûlera.
À la joie, efforçons-nous avec ardeur,
Car le mérite mène au bonheur !
